Entre 1966 et 1973, la Lamborghini Miura a bouleversé l’univers automobile. Première voiture de série à moteur central arrière V12 monté transversalement, elle a imposé de nouveaux standards en matière de design, de performance et d’architecture mécanique. Fruit de la collaboration entre l’ingénieur Gian Paolo Dallara et le designer Marcello Gandini pour Bertone, la Miura incarne à la fois la radicalité technique et l’élégance italienne. Elle reste, encore aujourd’hui, un jalon majeur dans l’histoire des voitures de sport.
Un design signé Bertone, en rupture avec son époque
Présentée au Salon de Genève 1966, la Miura tranche immédiatement avec les codes stylistiques de l’époque. Son habitacle avancé, ses lignes basses (seulement 1,05 m de hauteur) et ses capots basculants intégrant les ailes avant et arrière offrent un look résolument moderne. Les phares inclinés, cerclés de grilles noires évoquant des cils, deviennent une signature visuelle. La lunette arrière ajourée en persiennes complète une silhouette aussi fonctionnelle que sculpturale.
Le dessin de Gandini est conçu en trois mois à peine et propulse la Miura dans une ère nouvelle : celle de la voiture de sport pensée comme une œuvre d’art aérodynamique. Ce style influencera toute une génération de sportives italiennes et étrangères.
Un moteur V12 transversal inédit pour la route
Le cœur de la Miura est un V12 de 3,9 litres, dérivé de la compétition. Installé transversalement en position centrale arrière – une première pour une voiture de série –, il développe 350 ch dans la version P400, permettant une vitesse de pointe de 280 km/h et un 0 à 100 km/h en seulement 5,5 secondes.
Cette architecture permet une répartition optimale des masses et une compacité mécanique. Sur les premières séries, moteur et boîte partagent même le même carter d’huile. Le modèle P400 SV, apparu en 1971, pousse la puissance à 385 ch et atteint 290 km/h. À sa sortie, aucun véhicule de route ne rivalise avec ces performances.

Des déclinaisons de plus en plus affûtées
Six principales versions de la Miura ont été produites :
- P400 (1966–1968) : 475 exemplaires, 350 ch, 945 kg
- P400 S (1968–1972) : 140 exemplaires, 370 ch, 1 180 kg
- P400 SV (1971–1973) : 150 exemplaires, 385 ch, 1 245 kg
- SVJ : 5 conversions à partir de modèles SV, plus 1 neuf
- Miura Jota (1970) : prototype de 440 ch, allégé de 360 kg, détruit dans un accident
- Miura Roadster : exemplaire unique réalisé par Bertone
Le projet Jota, mis au point par le pilote Bob Wallace, visait à adapter la Miura à une homologation compétition. Malgré sa disparition tragique, ce prototype a inspiré plusieurs répliques officieuses et la série SVJ.
Une voiture culte, un impact durable
Avec ses innovations mécaniques, son dessin iconique et ses performances, la Lamborghini Miura est aujourd’hui considérée comme la première véritable supercar. Elle a su séduire chefs d’État, musiciens et stars de cinéma. Son aura reste intacte, et chaque apparition d’un modèle restauré suscite l’émotion chez les passionnés.
Elle reste également le symbole de l’audace de Ferruccio Lamborghini, qui, en misant sur une architecture radicale et un design novateur, a défié les conventions et rivalisé avec Ferrari sur un terrain jusqu’alors inexploré.